Prendre la parole sur la diversité et l’inclusion sur LinkedIn
#02 Le dilemme de s’exprimer sur des sujets sensibles sur un réseau pro
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La veille de la semaine : l’absence de personnes racisées dans les mouvements climat, le challenge inclusion et les effets du tokenisme sur la santé mentale
Le sujet de la semaine : Le dilemme de s’exprimer sur des sujets sensibles sur UN réseau pro
Quoi de neuf ? Le co-développement pour Divers·es
Le profil inspirant à suivre
La veille de la semaine
🎙 Podcast - Démarginaliser l’écologie - À l’intersection
Souba Manoharane-Brunel et Hala Bounaidja-Rachedi reviennent sur la quasi-absence des personnes racisées et celles des quartiers populaires dans les mouvements climats en France. Elles explorent également les liens entre écologie, féminisme, racisme mais aussi antispécisme, classisme et fascisme. Bref, passionnant !
🏆 Challenge inclusion - Pour les initatives en faveur de l’inclusion
Le groupe APICIL met en lumière et récompense les initiatives qui contribuent à leur échelle à rendre la société plus inclusive. Les lauréat·es auront 20 000 euros de dotation chacun·e !
Tu as jusqu’au 21 novembre pour voter et soutenir ton projet préféré.
Tu vas peut être reconnaître certaines personnes (Fabiola Dor par exemple 👋), et pour sûr faire le plein d’inspiration.
📄 Article - Les effets du tokenisme sur la santé mentale
Dans l’édition précédente, on parlait d’inclusion washing et de tokenisme, et ça vous a interpellé !
Pour aller plus loin sur cette notion, cet article montre les répercussions du tokenisme sur les personnes concernées : stéréotypes, plus d’attention et de visibilité, plus de responsabilités sur les sujets Diversité et Inclusion, isolement, etc.
Le sujet de la semaine : Le dilemme de s’exprimer sur des sujets sensibles sur les réseaux pro
Prendre la parole sur la diversité et l’inclusion sur LinkedIn
Je ne pense pas avoir besoin de vous convaincre du fait qu’il est crucial de discuter de la diversité et de l’inclusion sur les réseaux, afin de sensibiliser, éduquer et faire la chasse aux préjugés.
Prendre la parole peut permettre de mettre en avant des talents souvent ignorés et de promouvoir une culture d’entreprise plus juste et inclusive.
Le silence, au contraire, entretient le statu quo.
⚠ Mais ces discussions exposent à des risques :
Des haters et leurs commentaires agressifs, racistes, sexistes, LGBTQIAphobes, et j’en passe.
Sur des réseaux professionnels comme LinkedIn, on peut également avoir peur des répercussions professionnelles.
Par exemple, une entrepreneure peut modérer ses propos sur l'égalité femmes-hommes de peur de ne pas être prise au sérieux par des investisseurs potentiels. Ou encore, une salariée peut éviter de partager son expérience de discrimination raciale pour ne pas être étiquetée comme 'difficile' ou 'militante'.
Bref, on se retrouve à jongler entre l'envie de s'exprimer et la nécessité de préserver leur réputation professionnelle.
Alors, quel équilibre trouver entre rester fidèle à ses valeurs en contribuant à des débats significatifs, et la peur de devenir la cible de critique ou de voir sa carrière impactée négativement ?
État des lieux : la conversation sur la diversité et l’inclusion en France
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à reconnaître l’impact positif d’une stratégie Diversité et Inclusion en matière de performance et d’attractivité et fidélisation des talents.
Pourtant, les chiffres sur les résultats ne sont pas glorieux :
74 % des salarié·es affirment avoir déjà été témoins d’au moins une forme de discrimination. Ils mentionnent en premier lieu l’apparence physique (41 %), le racisme (36 %), l’âge (34 %), le sexe (31 %) et l’origine ethnique (29 %).
→ Baromètre Cegos « Diversité et inclusion dans les organisations : les enjeux compétences d’une transformation culturelle » (2022)Au sein du SBF 120 (indice boursier qui regroupe les 120 plus grandes entreprises françaises), seul·es 3,5 % des dirigeant·es sont des minorités visibles ou ont un nom à consonance extra européenne.
Au total, 50 % des entreprises du SBF 120 n’ont aucune diversité ethnoculturelle dans leur Comex.
→ Etude Mozaïk RH et Me and You Too (2022)
Ceci étant dit, comment se passent les discussions sur ces sujets sur LinkedIn ?
L’électrochoc pour moi, a eu lieu pendant le mois des fiertés de cette année.
LinkedIn Actualités a rédigé un article mettant en avant cinq profils luttant contre les discriminations et œuvrant en faveur d’une meilleure inclusion des personnes LGBTQIA+.
Je me suis dit “Super, LinkedIn prend la parole sur ces sujets, et mets en lumière des personnes passionnantes sur ces thématiques.”
C’était avant de voir le déluge de commentaires LGBTphobes.
La modération de LinkedIn sur ces commentaires (malgré énormément de signalements) a été … inexistante.
Tellement inexistante, que tous les commentaires haineux y sont encore aujourd’hui, comme vous pouvez le constater sur l’article.
Ça donne envie de s’exprimer sur ces sujets sur LinkedIn ? Hm not really…
Bon, le tableau n’est pas tout noir, certains posts, articles ou webinaires autour de ces sujets peuvent recevoir un bon accueil, encore heureux ceci dit ! Et je ne sais pas à quel point certains commentaires haineux sont supprimés par les auteur·es.
Je pense par exemple à l’article LinkedIn de Hawa Dramé sur le “Syndrome Aya Nakamura et le monde du travail” qui parle des femmes victimes de misogynoir dans le monde de l’entreprise.
La réaction de la communauté LinkedIn à ces discussions est donc à géométrie variable. Un peu comme l'état de la culture d'entreprise en France.
Les entreprises qui sont ouvertes à ces conversations sont généralement celles qui adoptent déjà des valeurs progressistes et qui sont prêtes à remettre en question le statu quo.
À l'inverse, les réactions défensives ou le silence indiquent encore une grande réticence en France à aborder des questions sensibles ou controversées.
Conseils pour s'exprimer sur ces thématiques avec assurance
Si tu souhaites publier davantage de contenu sur ces thématiques qui te tiennent à cœur, que tu sois salariée, à ton compte, dirigeante, étudiante, ou autre, voici quelques conseils.
Construis un message impactant et formulé avec soin
Pour que le message résonne et sois reçu dans un esprit constructif, commence par définir clairement ton objectif : informer, persuader, appeler à l’action ?
Une fois l’objectif choisi, structure ton message pour présenter une argumentation logique avec des faits et des exemples pertinents.
Attention, les haters restent des haters, si tu en as en commentaire, ce n’est pas parce que tu “aurais dû dire telle ou telle chose différemment”.Utilise des histoires et des statistiques
Les histoires ont un pouvoir émotionnel et peuvent servir de vecteurs pour des messages sur la D&I. Elles humanisent les problématiques et les statistiques.
Il est important de les équilibrer avec des données et recherches pour renforcer la crédibilité de ton discours. Ca fournit un contexte plus global et montre que ton expérience (ou celle de la personne choisie) n’est pas isolée.Reste concentré·e sur le message malgré ta passion / ta colère
Un équilibre difficile à trouver. Concentre-toi sur tes idées, plutôt que sur des attaques personnelles. Ton engagement peut être passionné, tout en montrant une volonté de comprendre les points de vue des autres et une ouverture au dialogue. Je ne parle pas ici des haters, mais des personnes ouvertes à la discussion. Pour rappel : les propos racistes, sexistes, LGBTphobe, etc. ne sont pas des opinions, mais des délits.
Collabore avec d'autres voix
Pour renforcer ton message, mais aussi pour te donner de la force, tu peux t’associer avec d’autres pros qui partagent tes valeurs et ta vision. Ça peut prendre la forme de co-écriture d'articles, de participation à des webinaires ou podcasts, ou simplement de soutien mutuel sur les réseaux sociaux.
Ça te permet d’élargir la portée de ton message et d’ajouter de la profondeur à la conversation grâce à la diversité des perspectives.
Gérer le backlash : préparation et réponses aux critiques
Anticipe les réactions négatives
Toute prise de position sur des sujets dits sensibles peut entraîner des réactions négatives. Te préparer mentalement et avoir un plan de réponse peut t’aider à gérer le stress que ça peut engendrer. Par exemple, tu peux préparer des réponses aux questions difficiles et décider de limites claires sur jusqu'où tu est prêt·e à aller dans un débat.
Technique de communication pour répondre aux critiques
Si tu es confronté·e à des critiques, et que tu souhaites y répondre, essaie de rester calme et de répondre de manière mesurée. Utilise le "Je" plutôt que le “Tu” (exprimer ses pensées et sentiments sans accuser ou attaquer l'autre), pour aider à maintenir une conversation productive.
Ça c’est l’idéal, pour les commentaires qui rendent fou·folle, personne ne t’en voudra de ne pas répondre, supprimer ou signaler. Garde ton énergie pour les commentaires constructifs !
Crée un réseau de soutien et préssens quand te désengager
Avoir un réseau de soutien est crucial pour ne pas se sentir isolé·e face aux critiques. Que ce soit des collègues, des pair·es, des mentors ou une communauté en ligne, le but est d’avoir accès à des conseils, du réconfort et des perspectives différentes.
Il est aussi important de reconnaître quand un débat devient contre-productif. Savoir quand et comment se désengager d'une conversation toxique est essentiel pour préserver ta santé mentale et ton énergie pour des combats plus constructifs.
La prise de parole pour le changement social
Pour conclure, la prise de parole sur ces sujets est bien plus qu’un acte individuel. A chaque fois qu’une personne choisit de partager son expérience, de défendre ses idées, ou de remettre en question les inégalités, elle contribue à un mouvement plus large et collectif d’appel au changement.
Voici quelques profils qui m’inspirent par leur prise de parole :
Alyz K Dinant parle de D&I et plus précisément de l’inclusion des personnes LGBTQIAP+. Avec un angle de prévention et de gestion des conflits.
Hawa Dramé parle d’égalité des chances, de lutte contre les discriminations, et d’entrepreneuriat, notamment dans les quartiers populaires.
Hélène Gherbi parle de finance inclusive, d’égalité femmes-hommes et d’éducation financière.
Je finirais là-dessus : écrire est une façon de parler sans être interrompu·e.
Et ça, c’est déjà pas rien dans notre société actuelle.
Tu as déjà été bloqué sur la prise de parole sur des sujets sensibles ?
Quoi de neuf ? 👀
La rubrique pour te parler de mon activité freelance et de mes side projects
Avec les bêta testeuses du programme Divers·es, on a fait notre première séance de co-développement.
Les objectifs :
Avancer sur une problématique individuelle
Bénéficier de l’intelligence collective
Apprendre les unes des autres
Avoir un nouveau point de vue / une nouvelle perspective sur sa problématique
Comme on a un temps limité à 30 min par personne, j’ai opté pour un format “Fast co-dev”, que je testais pour la première fois.
Les observations :
C’est génial de plus se concentrer en profondeur sur les problématiques des participantes. D’ailleurs, elles ont apprécié :
“C’est fou comme les partages enrichissent les mises en action : yapluka !”
“Ce que j’ai le plus apprecié c’est la possibilité de s’entraider les unes les autres et obtenir des points de vue différents auxquels on n’aurait jamais pensé seule.”
Les prises de parole prennent toujours plus de temps que prévu, et ce n’est pas évident de couper quelqu’un qui parle (à moi d’apprendre à oser le faire, et comment le faire bien)
Tu as déjà fait une session de co-dev ? Qu’est-ce qui t’a plu ? Et qu’est-ce que tu as moins aimé ?
Le profil inspirant à suivre
J’ai découvert Sara cette semaine grâce à son post sur le Women in Tech/Product, pendant mes recherches pour le sujet de la semaine. Elle parle de femmes dans la tech, diversité et inclusion, au delà de ses sujets sur la méthode Agile et le changement des organisations.
À la prochaine,
Mélanie
Merci pour la mention. Hâte de suivre les prochains épisodes 💙